La campagne sous le givre.
Du soleil hivernal le givre immaculé
Étincelle aux rameaux du grand bois constellé.
Quel séduisant tableau ! quelle vaste féerie !
Chaque fourré devient une cristallerie ;
Et les blancheurs du lait, de la nacre, du sel,
De l’onyx, de l’argent, de la nappe d’autel,
Sur les branches du Pin, du chêne et de l’érable
Le soleil, mi-voilé d’un nuage blafard,
Entre d’épais massifs glisse un tremblant regard,
Tandis qu’aux alentours un feu d’apothéose
Sur les rameaux vitreux met une lueur rose
Mais peut-être demain le grand flambeau des cieux
Fera fondre les fleurs du givre radieux,
Et tout ce vaste éclat de prodige et de rêve
Devra s’évanouir comme la lueur brève
D’un espoir qui, parfois illuminant nos jours,
Brille quelques moments et s’éteint pour toujours.
extraits d'un poème de
William Chapman